L'odeur et le son …
Un vagabond qui n'avait pour tout viatique qu'un quignon de pain à moitié sec, passant devant la boutique d'un rôtisseur, eu l'idée de s'arrêter a proximité pour le manger de manière à profiter, tout en mastiquant son croûton, de l'appétissante odeur des viandes en train de cuire.
Cela déplut fort au maître des lieux qui prétendit faire payer au vagabond le fumet de ses rôtis. Celui-ci refusa alléguant que, de toute manière, les vapeurs de la cuisine s'évanouissaient dans l'atmosphère et se trouvaient ainsi perdues pour tout le monde.
La querelle s'envenimant on alla chercher un juge réputé pour sa sagesse et son équité (ceci n'est pas précisé dans le fabliau, mais je crois savoir qu'il s'agissait de Monsieur Saint Yves en personne et que c'est la raison pour laquelle il est devenu le Saint Patron des avocats). Après avoir pris connaissance de la cause de la contestation, il demanda au vagabond :
– " As-tu de l'argent ? "
Celui-ci sortit de sa bourse l'unique piécette d'argent qu'elle contenait.
Le juge la prend la fait sonner sur le pas de la porte du rôtisseur et lui dit :
– " Il a assaisonné son pain du parfum de ta viande, sois payé du son de sa pièce " et il rendit l'argent à son propriétaire.