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 Miska la petite araignée

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verox

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MessageSujet: Miska la petite araignée   Miska la petite araignée EmptyLun 14 Nov - 18:17:39

Miska la petite araignée

Auteur inconnu


L'histoire qui nous intéresse commença donc au début d'un hiver particulièrement froid, dans les tous premiers jours de janvier.

Cette année-là s'était annoncée sous les meilleurs auspices. L'automne avait duré son temps, l'hiver donna de belles gelées, quant au printemps il tint ses promesses parant la vie de ses plus beaux éclats.

Miska, bien protégée dans son cocon de soie, ne se rendait pas vraiment compte de tout ce tralala. L'heure de sa naissance n'était plus très loin. Le jour où il lui faudrait mettre un pied dans la réalité approchait à grands pas. Elle n'était pas pressée cependant.
Ce fut en fin de la journée du 11, à l'heure de l'Angélus plus exactement, qu'elle arriva au monde. Elle ne donna, tout d'abord, aucun signe d'étonnement. Sa vie, lui semblait-il, avait toujours été ici.

Ses frères et sœurs, elle les connaissait déjà pour avoir partagé le confort douillet de leur nid d'amour durant le temps de leur métamorphose. Il y avait Groucho, le grognon de la bande, sans cesse entrain de rouspéter, Filou bien sur, qui sous ses airs canailles était un vrai amour de douceur et de gentillesse, puis Siska, la grande, celle à qui l'on demandait toujours d'essayer en premier et bien d'autres encore mais je ne peux pas tous les nommer.

Janvier donc s'écoula paisiblement, puis ainsi toute l'année et quelques autres encore qui passèrent sans que rien ne vienne troubler sa douce sérénité.

Elle n'était pas loin de penser que cela durerait ainsi toute l'éternité. Et voilà qu'un jour, sans presque s'en apercevoir, le doute s'immisça...

C'était le jour tant attendu de la première sortie. L'excitation était à son comble au sein de la famille araignée.

Les parents attentionnés avaient filé leur toile au plus près du haut plafond, dans un angle pas trop en vue afin d'éviter les coups de torchons intempestifs de la maîtresse de maison.

S'ils avaient gardé leur progéniture autour d'eux, pouvant ainsi veiller du mieux possible à leur sécurité, le temps était venu de passer à autre chose... il fallait les rendre autonomes.

Dans ce but fut organisé cette journée découverte. Il fut décidé, qu'un après l'autre, les petits descendraient jusqu'à la première corniche du mur, celle qui trouvait à deux encablures à peine du nid. Il fallait dans un premier temps, ne pas trop corser la difficulté.

Benji, le plus hardi, sans même prendre le temps de réfléchir, s'élança dans le vide. Le papa, se gardant bien de montrer son anxiété, avait testé, deux fois plutôt qu'une le fil. Suivi Cajou, tout aussi casse-cou que son frère, puis Bric et Broc les jumeaux inséparables, Zaza la plus intrépide des filles bientôt imitée par la nichée toute entière. Tout se passa fort bien. Une folle gaîté fit vite place à l'appréhension du début.

Durant la nuit qui suivit cette folle journée, tout ce petit monde s’endormit comme un seul homme. Mais les rêves agitaient ces chères petites têtes, et c'est là que le doute poursuivit son pernicieux chemin...

Miska ne s'était même pas rendu compte que c'était elle qui venait de crier aussi fort, elle était trempée de sueur et dans ses doux yeux écarquillés se lisait encore la grande frayeur qui l'avait réveillée.

Reconnaissant le visage rassurant de sa mère penchée au-dessus d'elle, aussitôt le méchant rêve lui revint à la mémoire. Mais était-ce bien un rêve ?

Il lui fallait lâcher le fil auquel elle était suspendue, le temps d'un petit saut dans le vide, pour atteindre la corniche. Elle ne risquait strictement rien, il lui suffisait de se laisser aller tout doucement et dès que ses petites pattes auraient touché terre, se mettre à trottiner bien tranquillement vers l'abri. Elle avait très bien su le faire dans l'après-midi, ainsi que tous ses frères. Allez donc savoir pourquoi, un tel effort, tout d'un coup, lui devint insurmontable ! Mystère et boule de gomme...

Un éminent professeur de la faculté, consulté à ce sujet, fit part de ses déductions aux parents atterrés par un tel comportement. Ils avaient très bien compris, dans leur profonde ignorance, que cet handicap empêcherait Miska de vivre heureuse parmi les siens.

Le verdict tomba, tranchant comme un couperet... Miska souffrait d'une grave maladie. Depuis des lustres les plus grands spécialistes, confinés dans leurs laboratoires, s'échinaient à chercher la solution du problème, mais rien encore à ce jour, ne permettait l'espoir.

Je suis triste ce matin, alors que je m'apprêtais à vous raconter la suite de l'histoire, j'ai appris une bien mauvaise nouvelle... Miska, la petite araignée est morte dans la nuit. J'ai entendu dire que c'était de chagrin.
Oui, une petite araignée aussi peut avoir du chagrin, surtout une petite araignée fragile comme elle, atteinte de ce mal incurable que les savants ont nommé : -"L'imaginaire".

Il faut savoir que ce mal, si curieux, ne pardonne pas. Beaucoup de ceux qui en sont touchés vivent leur quotidien dans des souffrances inimaginables.

Pour vous citer, ne serait-ce qu'un exemple : Miska suspendue à son fil, ne pouvait pas voir en dessous d'elle, un simple plancher au bois bien lisse et bien ciré, ce qui n'était que réalité. Non ! Pour elle se parquet était un monde maléfique peuplé de monstres plus effrayants les uns que les autres.

Il lui suffisait d'en imaginer un tapit dans son coin, aussitôt sa peur s'enflammait... La souffrance, dans ces moments là, atteignait son comble, la paralysant toute entière.

Il en allait de même pour quasiment tous les actes banals de sa journée. Lorsque la nuit venue elle se croyait bien à l'abri dans le sommeil, c'est dans ses rêves qu'ils la poursuivaient.

Elle avait trouvé la parade, enfin il lui semblait, pour échapper de temps en temps à ses phobies et prendre ainsi un peu de répit, Avec son imagination, elle avait recréé le monde à son envie, donnant aux mots ses propres couleurs.

Mais on ne peut pas vivre très longtemps de chimères. Il lui fallait donc, souvent, redescendre sur terre, d'où sa peine.

Ces émotions, si éprouvantes, eurent raison de son petit cœur trop tendre. Bientôt il n'eut plus la force de battre à l'unisson de ce monde qui n'était pas fait pour elle.

C'est ainsi, que cette nuit, las de cette guerre, il a cessé de battre définitivement.

Je vous ferais grâce des détails sur le chagrin qui submergea toute sa famille.

Mais le temps passera, ainsi le veut la vie, et la petite Miska, bientôt, ne sera plus qu'un doux souvenir, enfin... je l'espère !


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